Quels sont les différents secteurs en médecine libérale?

Le choix du secteur conventionnel est une décision majeure lors de l’installation en libéral. Il ne s’agit pas seulement d’une question de tarif des consultations : ce choix impacte la rémunération, les charges sociales, la patientèle visée, ainsi que la relation avec les organismes payeurs et les complémentaires santé.

La convention médicale 2024-2029, entrée en vigueur fin 2024, a revalorisé certains actes et renforcé les dispositifs de maîtrise des dépassements (OPTAM/OPTAM-CO). Comprendre les mécanismes de chaque secteur est essentiel pour anticiper ses revenus et positionner son activité.


Secteur 1 : stabilité et remboursement maximal

Principes

  • Les honoraires sont strictement limités aux tarifs conventionnels.
  • Depuis le 22 décembre 2024, la consultation de médecine générale est fixée à 30 € (Ameli).
  • Les cotisations sociales des médecins de secteur 1 sont partiellement prises en charge par l’Assurance Maladie, ce qui constitue un avantage financier non négligeable.

Intérêts pour le praticien

  • Attractivité forte pour la patientèle (reste à charge minimal).
  • Garantie de remboursement optimal par l’Assurance Maladie → fidélisation des patients.
  • Sécurité administrative et financière (pas de risque de contestation sur les dépassements).

Limites

  • Revenus strictement plafonnés aux tarifs conventionnels.
  • Peu de marge de manœuvre pour valoriser le temps médical ou l’expertise.
  • Dépendance aux revalorisations décidées dans le cadre conventionnel.

Secteur 2 : liberté tarifaire et encadrement possible

Principes

  • Médecins autorisés à pratiquer des dépassements d’honoraires, dans la limite du « tact et mesure ».
  • Base de remboursement inchangée : 70 % du tarif conventionnel, hors participation forfaitaire.

L’OPTAM et l’OPTAM-CO

  • Dispositifs conventionnels incitant à limiter les dépassements en échange d’une prise en charge améliorée des cotisations sociales.
  • L’adhésion améliore la couverture complémentaire des patients, ce qui peut faciliter l’accès à la patientèle.
  • L’OPTAM-CO vise les spécialités chirurgicales, gynécologiques et obstétriques.

Intérêts pour le praticien

  • Liberté de fixer les honoraires selon la technicité, le temps passé et la demande.
  • Meilleure valorisation de l’expertise dans les disciplines très spécialisées.
  • Possibilité d’adhérer à l’OPTAM pour réduire l’impact du secteur 2 sur la patientèle.

Limites

  • Charges sociales plus lourdes si non-adhésion à l’OPTAM.
  • Image parfois négative auprès des patients face aux dépassements.
  • Nécessité d’une communication transparente sur les honoraires (obligation légale d’affichage).

Répartition actuelle

  • Plus de 95 % des généralistes exercent en secteur 1.
  • Le secteur 2 est davantage représenté chez les spécialistes techniques (chirurgie, ophtalmologie, gynécologie, anesthésie).
    (Ameli – Panorama des médecins concernés)

Secteur 3 : indépendance hors convention

Principes

  • Médecins non conventionnés : ils n’adhèrent pas à la convention médicale et fixent librement leurs honoraires.
  • L’Assurance Maladie ne rembourse que sur la base du “tarif d’autorité”, soit un montant symbolique.

Intérêts pour le praticien

  • Liberté tarifaire totale, permettant de valoriser pleinement le temps médical, l’expertise et les conditions de consultation.
  • Positionnement différenciant possible, notamment dans des activités spécialisées ou des pratiques innovantes.
  • Attrait croissant chez certains médecins généralistes, qui choisissent désormais le secteur 3 comme alternative face à des revalorisations jugées insuffisantes et pour retrouver une autonomie vis-à-vis du cadre conventionnel.

Limites à considérer

  • Perte des avantages conventionnels (prise en charge partielle des cotisations, forfaits, aides à l’installation).
  • Patientèle plus restreinte, puisque les remboursements de l’Assurance Maladie sont quasi nuls.
  • Nécessité d’une communication claire et transparente vis-à-vis des patients.

Conclusion

Le choix du secteur conventionnel est un acte stratégique pour le médecin libéral :

Le secteur 3, longtemps marginal, attire désormais aussi des généralistes en quête d’indépendance. Il constitue une option possible pour ceux qui souhaitent s’affranchir du cadre conventionnel, à condition d’assumer pleinement le choix de la liberté tarifaire et ses conséquences.

Le secteur 1 assure stabilité et accès large à la patientèle, au prix d’une liberté tarifaire nulle.

Le secteur 2 offre une flexibilité tarifaire, modulée par l’OPTAM, mais suppose une gestion attentive de l’image et des charges.